Jeudi 11 juillet 2019

Points experts

UN AUTRE REGARD SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL AMÉRICAIN 

Alors que la croissance américaine connaît une phase de ralentissement, le marché du travail fait l’objet d’une attention plus forte que d’ordinaire. En particulier, le rapport sur l’emploi du mois de juin était très attendu par les marchés financiers car de mauvais chiffres auraient accrédité l’hypothèse d’une baisse de taux directeurs de la Fed dès le mois de juillet. Les créations d’emplois non-agricoles de juin ont finalement été largement au-dessus des attentes : +224 000 contre +160 000 attendu et +72 000 en mai. Toutefois, comme nous allons le voir dans la suite, plusieurs autres indicateurs laissent à penser que le marché du travail américain serait en train de connaître un point d’inflexion.

Bastien Drut

Stratégiste Sénior chez CPR AM

Les salaires n’augmentent plus, voir décroissent.

En glissement annuel, les salaires moyens progressaient de 3,1% en juin, soit le chiffre le plus bas depuis septembre. Dans les enquêtes, les entreprisses voulant augmenter les salaires sont moins nombreuses.

Le nombre agrégé d’heures travaillées est en net ralentissement.

En 3 mois sur 3 mois, la progression des heures travaillées a même été négative en juin. Ce qui est donc à suivre car ce changement s’observe rarement hors période de récession.

Ces derniers mois, une contraction de l’emploi pour la catégorie « prime age » a été ressentie.

La catégorie « prime age » (les personnes entre 25 et 54 ans) est censée représenter le cœur de la population active. On pourrait penser que cela provient du vieillissement de la population (avec une augmentation du nombre de personnes qui franchiraient 54 ans) mais le taux d’emploi* de cette catégorie a (un peu) baissé en 2019. Sur le dernier cycle, la baisse du taux d’emploi « prime age » avait commencé en janvier 2007.

*Ratio des personnes qui travaillent sur la population totale

Désormais, une tendance de destruction d’emplois est claire en Californie et à New York.

Un coup d’arrêt à la progression de l’emploi est aussi à noter en Floride. En revanche, l’emploi augmente encore de façon dynamique au Texas. Sur les 3 derniers mois, l’emploi s’est contracté dans 16 Etats. Ce phénomène est très élevé pour une période hors récession : il n’a pas été vu depuis plus de cinq ans.

Le nombre de personnes indiquant avoir plus d’un emploi a augmenté de 301 000 en juin.

L’une des causes possibles : peut-être que les ménages les moins aisés se trouvent dans l’obligation de trouver un deuxième emploi pour arrondir les fins de mois. Récemment, la confiance des ménages les moins aisés mesurée par le Conference Board s’est effondrée. Une telle hausse avait été observée dans les mois qui avaient précédé la chute de Lehman Brothers, alors que les Etats-Unis étaient déjà en récession.

En conclusion, même si le rapport sur l’emploi de juin a constitué une bonne surprise « facialement », la réalité est moins encourageante. En effet, plusieurs signaux semblent indiquer que le marché du travail serait en train de connaître un point d’inflexion.

Par Bastien DRUT - Stratégiste Stratégiste Sénior chez CPR AM

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