Vendredi 23 octobre 2020

Points experts

Décryptage - La crise de la Covid accentue les grands déséquilibres

L’épidémie de la Covid a conduit à un choc économique global et majeur et à des perturbations dans les chaînes de production. Tous les pays n’ont pas réagi de la même façon car leurs priorités sont différentes, certains mettant davantage l’accent sur la protection du consommateur (pays développés), d’autres sur le maintien à tout prix de la production (Chine). Au final, la Chine sort renforcée de cette crise mais les déséquilibres commerciaux se sont nettement accrus.   

Quels pays ont été les plus touchés ?  

Partout, les mesures d’ordre sanitaire prises par les différents gouvernements (mesures de confinement, distanciation sociale, etc) ont fortement pesé sur l’activité. Tous les pays du G20 ont vu leur PIB se contracter au 1er semestre, parfois lourdement, à l’exception notable de la Chine où le PIB était déjà à peu près revenu au T2 2020 à son niveau du T4 2019. Le PIB de la Chine a d’ailleurs poursuivi sa croissance solide au T3 (+4,9% en glissement en annuel). On pourrait évidemment objecter que l’épidémie a touché la Chine avant les autres pays et qu’elle a donc pu connaître un rebond plus tôt (et qui aurait donc été suivi du rebond dans d’autres zones) mais les chiffres mensuels de production industrielle disponibles jusqu’à août/septembre attestent d’une divergence persistante entre la Chine et les économies développées en termes de production.

L’image est très différente lorsque l’on considère la consommation des ménages. Si la consommation de biens a bien rebondi depuis, la consommation de services reste encore lourdement pénalisée (en particulier dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, du tourisme, du transport aérien, etc). C’est notamment cela qui rend la récession 2020 très particulière : d’ordinaire, l’industrie est bien plus touchée que les services lors des récessions. En août, l’évolution des ventes au détail (comprenant essentiellement des biens) en glissement annuel étaient repassée en territoire positif pour les principales économies développées (Etats-Unis, zone euro, Japon, Royaume-Uni). Les ventes au détail se sont également redressées en Chine mais de façon nettement moins spectaculaire que pour la production industrielle.

Assez logiquement, les pays recevant un grand nombre de touristes internationaux font partie de ceux pour lesquels le PIB a le plus baissé au 1er semestre (Espagne, France, Italie, Mexique). L’Inde est le pays du G20 où la contraction du PIB a été la plus forte, notamment car c’est l’un des pays qui a été le plus touché par l’épidémie et où les mesures sanitaires ont été les plus draconiennes, avec un soutien public à l’économie relativement faible.

Le soutien budgétaire a pris des formes différentes en Chine et dans les pays développés

Dans les pays avancés, le soutien budgétaire a eu un objectif double : assurer la survie des entreprises mais aussi très largement le lissage de la consommation des ménages.

  • Aux Etats-Unis, les différents plans de soutien budgétaire (dont le CARES Act) ont permis d’éviter un terrible choc de revenus (pendant plusieurs semaines, le stock de personnes inscrites à l’assurance chômage dépassait 30 millions), grâce à l’envoi de chèques aux ménages (1200$ par adulte et 500$ par enfant) et au supplément d’allocation chômage de 600 $ par semaine (arrivé à expiration fin juillet). Les 525 Mds $ de prêts garantis aux PME (PPP) avaient notamment pour objectif de retenir les employés dans les effectifs, et donc à assurer le versement de salaires.
  • En Europe, les dispositifs de chômage partiel mis en place par les différents gouvernements ont permis de limiter les licenciements secs mais aussi d’assurer la continuité des revenus pour un grand nombre de personnes. Certains pays ont apporté un soutien financier direct aux ménages en difficulté et pour les personnes ne pouvant bénéficier de l’assurance chômage (entrepreneurs, indépendants, personne n’ayant pas suffisamment cotisé).
  • Au Japon, le gouvernement a pris des mesures pour protéger l’emploi et les entreprises. L’une des mesures phare a été le versement de 100 000 ¥ (800 €) à quasiment tous les ménages...

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Laetitia Baldeschi

Responsable des Etudes et de la Stratégie

Bastien Drut

Stratégiste Sénior

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