Jeudi 15 février 2018

Points experts

LA GESTION DES RESSOURCES : UNE THÉMATIQUE NATURELLEMENT ET NÉCESSAIREMENT DISRUPTIVE

L’accroissement des besoins conjugué à des réserves qui se raréfient, poussent nombre d’industries à se réinventer technologiquement. La volonté de réduire ce déficit a engendré dans certains domaines, notamment énergétique et alimentaire, des mutations en passe d’être séculaires.

Qu’ils soient climatiques, environnementaux, énergétiques ou agricoles, les grands bouleversements des dernières décennies ont en commun de reposer sur le même phénomène : la croissance démographique. Alors que la population mondiale culminait à un milliard d’individus au début du XIXème, elle en compte cinq milliards de plus aujourd’hui, et devrait approcher les dix milliards à l’horizon 2050. Cet accroissement exponentiel pose aujourd’hui l’inévitable équation des ressources qui l’accompagnent. « La problématique de réduction du déficit structurel entre les besoins et les réserves est fondamentale parce que vitale pour l’humanité, résume Wesley Lebeau, gérant du fonds CPR Invest - Global Disruptive Opportunities. Elle s’est naturellement imposée ces dernières années comme un thème majeur qui porte intrinsèquement les caractéristiques de la disruption et mobilise la recherche et l’innovation ».

Sa forme la plus manifeste est évidemment la mutation qu’elle a engendrée dans le secteur énergétique avec l’essor des énergies renouvelables. Mais cette thématique recouvre d’autres dimensions car, contrairement aux industries traditionnelles, elle est protéiforme. « Au sein de notre fonds Global Disruptive Opportunities, le thème « Terre » regroupe un univers de secteurs hétérogènes (énergies renouvelables, gaz et pétrole de schiste, agriculture de précision, ‘smart grid’, l’efficacité et le stockage énergétique) », résume Estelle Ménard, responsable adjointe de la gestion actions thématiques chez CPR AM. A leur façon, chacun de ces domaines partagent une même singularité disruptive dans les réponses qu’ils proposent à la question des ressources.

Ainsi, les récentes avancées dans l’agriculture suggèrent une mutation profonde de ce secteur dans les années à venir. Depuis le début de la « révolution verte » dans les années 1960, le développement agricole a consisté à augmenter les rendements via l’amélioration des graines hybrides ou biologiques. « Sur les prochaines décennies, cela va reposer sur la juxtaposition de plusieurs spécialités à la fois dans l’optimisation de la fertilisation, de la plantation et de l’irrigation, détaille Wesley Lebeau. Ces leviers seront activés de façon synchronisée pour augmenter la productivité agricole ». L’augmentation de 15 % à 20 % de la taille des céréales via les biotechnologies ou encore l’approfondissement des données météorologiques sont aujourd’hui des axes de développement. « A terme, les tracteurs autonomes sillonneront des champs qui auront été préalablement géo-localisés, quadrillés et normés par GPS, poursuit Wesley Lebeau. Tout comme les drones, cette évolution technologique va permettre de pallier le potentiel déficit de main d’oeuvre que fait planer le vieillissement de la population agricole et de réaliser une avancée qualitative grâce à l’agriculture de précision ».

Mais depuis de nombreuses années, l’accent est surtout mis sur les ressources énergétiques dont l’optimisation tient à de nombreux facteurs comme l’utilisation des énergies renouvelables. « Le soleil avec ses 90 000 terawatts, délivre en une heure et demie la consommation annuelle de l’humanité », explique Van Vu Ngoc, analyste chez Amundi. Dans le photovoltaïque, les efforts entrepris portent sur l’amélioration du rendement de la matière première à savoir le silicium. « Il y a sept ans, il en fallait huit grammes par watt, contre cinq aujourd’hui, souligne Van Vu Ngoc. Un acteur comme Trina Solar a ainsi une structure de coûts qui baisse de 16 % par an ». Cette réduction constante permet aujourd’hui au prix du kilowatt heure d’évoluer autour de 10 cents – voire même 3 cents dans une région comme les Émirats Arabes Unis -, un coût à peu près comparable à celui du gaz. Mais la disruption du secteur tient aussi aux avancées réalisées en matière d’exploitation des énergies fossiles. « Le forage horizontal ou directionnel, la technique de fracturation utilisée pour exploiter les gaz et pétrole de schiste sont venues disrupter le marché énergétique traditionnel et ont eu un impact concret sur les cours du pétrole », souligne Estelle Ménard.

Le problème fondamental en matière énergétique demeure le stockage. « Le sujet est en train d’être reconsidéré, relève Wesley Lebeau. Il ne porte plus tant sur les capacités de stockage que sur une architecture des réseaux de plus en plus décentralisée. La solution passera vraisemblablement par des modes de production et de stockage individuels ». Cet axe de développement suscite aujourd’hui un réel intérêt de la part des industriels comme Tesla et Panasonic. En attendant une révolution tangible dans ce domaine, les efforts des dernières années ont surtout porté sur la mise en place de réseaux intelligents. L’essor du smart grid s’est ainsi imposé comme une réponse aux nouvelles exigences en matière de gestion des ressources dans l’environnement urbain. « Concrètement, l’objectif est de prendre en compte dans les nouvelles constructions les enjeux environnementaux et d’optimiser au mieux leur consommation, détaille Wesley Lebeau. En quelque sorte, le smart grid défi nit aujourd’hui les contours de ce que seront les villes de demain en matière de sécurité, de climatisation, d’eau ou d’éclairage ». Le secteur a ainsi créé des vocations à l’image d’une société comme Equity Brown, initialement spécialisée dans les leds, qui s’est à présent développée dans les plateformes de gestion de la consommation énergétique des bâtiments, ou Badger Meter qui s’est spécialisé dans le monitoring des réseaux d’eau. Un domaine d’autant plus important que 50 % des réserves dans le monde sont aujourd’hui gaspillées.

La gestion des ressources naturelles est donc aujourd’hui l’un des enjeux essentiels du développement humain. Partant du principe qu’il est nécessaire de trouver des solutions innovantes en la matière, les industries qui s’y attèlent sont à l’origine d’une disruption qui pour nombre de domaines sont encore en gestation. « La sphère industrielle n’a pas tardé à être sensibilisée à cette thématique tant par les contraintes réglementaires qui lui sont imposées que par les retombées économiques qu’elles suggèrent », résume Wesley Lebeau. Au-delà de l’innovation, les comportements humains doivent évoluer en ce sens et les initiatives nécessitent d’être soutenues et accompagnées par des actions politiques fortes à l’image des Accords de Paris afi n de relever de façon effi cace les défi s environnementaux.

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